Titre: Thérèse Desqueyroux
Auteur: François Mauriac
Editions: Le livre de poche
Date de parution: 1927
Il est des romans sur lesquels il est difficile de s’exprimer naturellement, avec fluidité. Ils vous échappent, renâclent et vous laissent perplexe. Des livres où il est nécessaire de prendre du recul, de lire des critiques, des documents complémentaires, brefs sur lesquels il faut réfléchir posément.
Le roman met en scène Thérèse Desqueyroux à la sortie de son procès pour tentative d’empoisonnement sur la personne de son mari. Elle est acquittée. Lors du trajet qui la ramène chez elle, elle prépare le discours qu’elle tiendra à Bernard, son époux. Pour cela, elle remonte le temps pour trouver l’origine de son acte. Elle n’a cependant pas le temps de s’expliquer. Bernard, porte-parole de la famille Desqueyroux la condamne à l’exclusion et à l’enfermement dans la solitude.
Dans les premiers instants de la lecture, j’ai rejeté le personnage de Thérèse parce que je ne la comprenais pas. Voilà une femme qui n’est occupée que d’elle. Sombre, égoïste, aux désirs contradictoires, violente et arrogante. Son désir de liberté s’exerce aux dépends des autres qu’elle ne cherche jamais à comprendre. Thérèse a voulu tuer son mari, sans raison consciente. Elle le déteste viscéralement. Et cette répugnance ne s’explique pas, pas clairement du moins. Pourtant tout conspire contre ce mariage.
Et puis progressivement, me détachant de cette lecture un peu bovarienne, je me suis laissée emporter par le style. Il y a cette alternance entre les espaces extérieurs infinis et la claustration de Thérèse. Il y a le silence d’Argelouse et la fumée des cigarettes de Thérèse. Les barreaux sont partout: dans les forêts de pins, dans les membres rigides de la famille Desqueyroux, dans les conventions, dans les regards.
Dans le dossier à la fin du livre, certaines remarques de Mauriac lui-même m’ont particulièrement intéressées, en particulier une qui suggère que Thérèse serait peut-être lesbienne et que ce mariage était donc voué à l’échec et que les désirs de Thérèse ne pouvaient trouver leur assouvissement.
La fin aussi m’a laissée perplexe, comme si ce qu’elle disait devait être lu autrement. Chaque page, chaque ligne est un champ d’interprétation…
Il est difficile de noter une telle œuvre qui échappe à la note de plaisir de lecture. J’y renonce donc et vous laisse vous faire votre propre avis.
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