Titre: Jeu décisif
Auteur: Fabien Laudic
Éditions: Edilivre
Date de parution: 2017
En général, je me méfie de l’auto-édition. Peut-être par snobisme. Mais là ce roman m’a été prêté par une collègue et c’était pour moi un gage de qualité.
Le temps d’une soirée pour célébrer le départ en retraite de Serge, sont réunis ses collègues et amis. Les esprits divaguent, les conversations se tissent et se détissent autour de la piscine. Autour de tous les invités plane le fantôme de Stefan.
On ne lit pas ce roman pour l’intrigue, on le lit pour le style! Les premières lignes du roman sont tracées au cordeau: net, vif, comme de grands aplats contrastés de peinture. On m’a soufflé que l’inspiration venait de Edward Hopper et c’est une évidence. Le récit, quant à lui, se construit comme une tragédie classique: un prologue, cinq actes, un épilogue, une unité de temps et de lieu. Toujours ce goût pour le ciselé. Pourtant les personnages, une belle galerie, demeurent énigmatiques, malgré les plongées dans la psyché de chacun. La parole comme la pensée passe et rebondit de personnage en personnage comme une balle de tennis. Et cela tombe bien car la métaphore du tennis apparaît comme la métaphore centrale dans ce roman. Reste une impression d’obscurité, de mouvement et de mystère un peu baroque.
Cette lecture m’a fait un drôle d’effet: j’étais à la fois subjuguée par le style maîtrisé et en même temps frustrée par ce récit qui échappait et glissait parfois hors de ma portée.
Morning Sun, Edward Hopper. Huile sur toile, 1952. Colombus Museum of Art