Titre: Marx et la poupée
Auteur: Maryam Madjidi
Éditions : Le Nouvel Attila
Date de parution : 12 janvier 2017
Aujourd’hui je vais vous présenter un roman qui sort à peine du four, qui sent bon les prix littéraires tout chauds. Marx et la poupée de Maryam Madjdidi est paru le 12 janvier 2017 et vient de recevoir coup sur coup le Goncourt du premier roman le 3 mai 2017 et le prix Ouest France /Etonnants voyageurs le 4 juin 2017. Pour une fois, je suis à la point de l’actualité littéraire. Et tout cela grâce à qui ? A ma libraire à Amboise, qui m’a collé ce livre dans les mains.
A Téhéran, c’est la révolution iranienne. Une petite fille naît dans une famille d’opposants communistes. Dans ce contexte de lutte politique, de dangers et de violence, la petite fille grandit innocente et choyée. Mais bientôt c’est l’exil vers la France, l’abandon du pays natal, la perte de ses repères culturels, l’apprentissage d’une nouvelle langue. Tour à tour force et faiblesse, l’exil est raconté ici avec humour, tendresse et émotions.
Ce livre est qualifié de roman mais je ne suis pas sûre que cela soit le terme approprié. La narratrice raconte son enfance en Iran, l’exil en France, la difficulté de l’intégration, le rapport à la langue, à la terre natale, l’écriture. S’agit-il de l’auteur ? On n’en doute pas vraiment. Pourtant je n’arrive pas à attribuer à ce livre l’étiquette d’autobiographie. La narratrice alterne entre la première et la troisième personne, dans un jeu de distance et de proximité, écrivant parfois comme une spectatrice parfois comme une actrice cette histoire douloureuse. La forme du récit n’est pas stable non plus : on voit des traces de journal intime, de notes, de contes, de poèmes comme autant de polaroïds. Cette écriture fragmentaire souligne aussi le morcellement de l’identité de l’exilé, en quête de lui-même, déchiré entre un ici étranger et un ailleurs familier.
L’auteur a organisé son récit de façon plutôt chronologique mais surtout en trois parties, trois naissances qui lui permettent d’accéder à son identité. Une première naissance fait d’elle une iranienne en exil, la deuxième naissance fera d’elle une française déchirée entre deux cultures. C’est finalement la troisième qui apportera la réconciliation.
Ce qui domine dans ce « roman » c’est la poésie de l’écriture. Chaque phrase pourrait devenir une citation. Maryam Madjidi nous entraîne dans un ballet langoureux d’images délicates, sensuelles, qui éclatent. Elle danse sur le fil, ne tombe jamais dans le pathétique et pourtant elle bouleverse son lecteur. On pleure, on rit, on s’insurge, on rêve et ne pense plus qu’à rencontrer Maryam Madjidi pour saluer son talent.
C’était d’ailleurs possible puisque la librairie C’est la faute à Voltaire organisait une rencontre le vendredi 16 juin à 19h30 avec Maryam MADJIDI à laquelle j’ai pu participer!