Alamut de Vladimir Bartol

alamut« Nous espérons en vain une réponse, les étoiles au-dessus de nous se taisent » (p.578) 

Titre: Alamut

Auteur: Vladimir Bartol

Éditions: Libretto

Date de parution: 2012

Il y a des livres qu’on saisit sur une table de librairie sans vraiment savoir pourquoi. La couverture peut-être et sa construction orientalisante étrange.

Alamut c’est le nom d’une citadelle d’Iran dont Hassan Ibn Sabbah a fait son fief. Dans cette forteresse, il forme une armée de jeunes gens prêts à mourir pour lui, leur prophète capable de leur ouvrir les portes du paradis.

Si le roman prend le nom de la forteresse, c’est bien parce qu’elle est le personnage principal du roman. Les nombreux personnages qui s’y croisent ne font que construire, chacun à leur façon, sa légende.

Le roman s’ouvre sur l’arrivée d’Halima, une jeune fille, dans un étrange harem sous la direction de la mystérieuse Myriam. S’installe alors une atmosphère merveilleuse de conte oriental. Dans les jardins, au milieu de leurs jeux, les jeunes filles sont éduquées aux arts, tous les arts, même ceux de l’amour, en toute innocence.

D’un autre côté, le jeune Ibn Tahir devient fedayin avec ses camarades Suleyman et Yusuf. Eux aussi sont éduqués: religion, arts de la guerre, résistance physique. De ce côté, l’atmosphère est beaucoup plus épique. Ces deux univers semblent s’opposer mais sont reliés par l’énigmatique figure d’Hassan Ibn Sabbâh, que les fidèles appellent Seïduna.

Ce roman entraîne le lecteur dans un récit dépaysant et envoûtant, dans un orient à la fois fantasmé par la tradition littéraire et réaliste par l’emploi d’un vocabulaire très précis. En tout cas, le suspens est maintenu jusqu’au bout grâce à des rebondissements inattendus.

Mais loin d’être seulement un roman « historique », ce roman est surtout l’occasion d’une réflexion philosophique, politique et religieuse. Autour du thème de la religion s’articule la question du  gouvernement des hommes, dans un développement à la fois lucide et cynique, qui pourrait presque entrer en écho avec des œuvres comme Le Prince de Machiavel ou encore Le Discours de la servitude volontaire de La Boétie.

Mais l’intrigue de ce roman entre aussi douloureusement en écho avec l’actualité car elle met en scène les mécanismes de l’embrigadement religieux.

5livrecoeur


Retrouvez ma chronique dans l’émission « N’écoute pas les idoles » sur Radio Béton.

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