Visiter la maison de Balzac au château de Saché

Saché est un débris de château sur l’Indre, dans une des plus délicieuses vallées de Touraine. Le propriétaire, homme de 55 ans, m’a fait jadis sauter sur ses genoux, il a une femme intolérante et dévote, bossue, peu spirituelle, je vais là pour lui, puis j’y suis libre, l’on m’accepte dans le pays comme un enfant, je n’y ai aucune valeur, et je suis heureux d’être là comme un moine dans un monastère.

Lettre d’Honoré de Balzac à Mme Hanska, Paris, mars 1833

Le musée de Saché est créé en 1951 par Paul Métadier, son propriétaire. A l’origine, le musée ne comporte que le salon, la salle à manger et la chambre de Balzac. Dès 1958, la famille Métadier fait don du musée au Conseil départemental d’Indre-et-Loire.

Ce château n’a jamais appartenu à Balzac. Il s’agissait de la propriété de la famille Margonne, des amis de la famille Balzac. Si vous avez lu attentivement mon article précédent, vous savez que le propriétaire, M. Margonne a entretenu des relations étroites avec Mme Balzac. Balzac y trouvait un lieu de retraite et de travail. Il pouvait aussi y trouver un refuge éloigné de ses créanciers. Dans sa petite chambre du château, il commence ainsi Le Père Goriot et Les Illusions perdues. Saché est aussi un lieu d’inspiration pour Balzac qui situe son roman Le Lys dans la vallée dans le cadre enchanteur de la vallée de l’Indre. Félix Vandenesse, le personnage, y fait même un court séjour dans une petite chambre – la même que celle de Balzac?

L’ameublement du château tel qu’a pu le connaître Balzac chez les Margonne n’est plus possible. Les archives ne donnent pas assez d’informations pour le reconstituer. Seul le papier peint d’époque a été conservé en totalité ou en partie. D’ailleurs, il est possible que la frise mythologique de la salle à manger ait inspiré la description  du salon de la pension Vauquer dans Le Père Goriot. Cependant grâce au Mobilier National, le musée a cherché à restituer une ambiance qui peut refléter celle de l’époque. Pour cela, rien de tel que de s’appuyer sur les descriptions d’intérieur dans les romans de Balzac, en particulier ceux du Lys dans la vallée.

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Musée Balzac – Château de Saché

Le salon où restait la comtesse était entièrement boisé, peint en gris de deux nuances. La cheminée avait pour ornement une pendule contenue dans un bloc d’acajou surmonté d’une coupe, et deux grands vases en porcelaine blanche à filets d’or, d’où s’élevaient des bruyères du Cap. Une lampe était sur la console. Il y avait un trictrac en face de la cheminée. Deux larges embrasses en coton retenaient les rideaux de percale blanche, sans franges. Des housses grises, bordées d’un galon vert, recouvraient les sièges, et la tapisserie tendue sur le métier de la comtesse disait assez pourquoi son meuble était ainsi caché. Cette simplicité arrivait à la grandeur. Aucun appartement, parmi ceux que j’ai vus depuis, ne m’a causé des impressions aussi fertiles, aussi touffues que celles dont j’étais saisi dans ce salon de Clochegourde, calme et recueilli comme la vie de la comtesse, et où l’on devinait la régularité conventuelle de ses occupations. (Le Lys dans la vallée)

A l’étage, de nombreuses pièces sont consacrées, aux personnages, à l’œuvre et au travail de Balzac. Suite à l’exposition « Balzac, architecte d’intérieurs », on peut découvrir des restitutions d’intérieurs balzaciens: l’étude d’avoué de M. Derville dans Le Colonel Chabert, un boudoir de femme fatale comme celui de Foedora dans La Peau de Chagrin ou encore la chambre de l’abbé Birotteau dans Le Curé de Tours.

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Musée Balzac – Château de Saché

L’étude était une grande pièce ornée du poêle classique qui garnit tous les antres de la chicane. (…) Près de la fenêtre se trouvait le secrétaire à cylindre du Principal, et auquel était adossée la petite table destinée au second clerc. (…) L’Étude avait pour tout ornement ces grandes affiches jaunes qui annoncent des saisies immobilières, des ventes, des licitations entre majeurs et mineurs, des adjudications définitives ou préparatoires, la gloire des Études ! Derrière le Maître clerc était un énorme casier qui garnissait le mur du haut en bas, et dont chaque compartiment était bourré de liasses d’où pendaient un nombre infini d’étiquettes et de bouts de fil rouge qui donnent une physionomie spéciale aux dossiers de procédure. Les rangs inférieurs du casier étaient pleins de cartons jaunis par l’usage, bordés de papier bleu, et sur lesquels se lisaient les noms des gros clients dont les affaires juteuses se cuisinaient en ce moment. (Le Colonel Chabert)

La pièce la plus attendue est évidemment la petite chambre de Balzac. Elle se distingue par sa sobriété. Mais la vue sur le jardin lui donne un charme fou.

Au rez-de-chaussée, on trouve une salle consacrée à l’imprimerie, métier que Balzac exerça un temps et une autre pièce présente les études préparatoires à la statue réalisée par Rodin. Enfin, il faut terminer la visite par un tour du jardin qui offre des points de vue romantique sur la vallée, point final bucolique à une visite délicate.


Musée Balzac, 37190 SACHE

Plein Tarif: 5,50€

Ouverture toute l’année. A partir de 10h.

Site officiel du musée Balzac

Photographies prises au Musée Balzac – Château de Saché lors de ma visite.


IMG_20160605_173132Un grand merci au musée Balzac pour son accueil et à Elise, médiatrice au Musée Balzac – Château de Saché pour la visite. Ce fut un moment très doux et passionnant.

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