« L’échelle du bonheur ou du malheur n’est pas la même pour tous » (p. 23)
Titre: Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une
Auteur: Raphaëlle Giordano
Éditions: Eyrolles
Date de parution: 2015
Parfois on se dit qu’un roman feelgood, qui promet de la psychologie positive et du développement personnel à portée de tous, apportera la solution à notre vague-à-l’âme. Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec un livre à la couverture chatoyante et colorée dans les mains.
Camille, une trentenaire, mariée, un enfant, un boulot devrait être heureuse puisqu’elle coche toute les cases de la vie réussie. Malheureusement, quelque chose ne va pas. Elle croise un jour la route de Claude qui se présente comme un « routinologue » et lui propose son aide.
Grâce à la fiction romanesque, l’auteur réussit à transmettre son message et ses astuces psychologiques de façon claire et simple. En effet, à travers leur mise en pratique par le personnage de Camille, le lecteur comprend mieux ce qu’on attend de lui. La forme romanesque évite donc l’écueil du jargon technique.
Néanmoins, même si le récit se tient et se lit très facilement, j’ai eu l’impression que le ton était faussement naturel et dynamique, comme si le style était un peu forcé. Cela ne rend pas la lecture désagréable pour autant mais je suis restée sur la défensive.
Le propos principal de l’auteur repose sur une thèse assez simple: si on est positif et que l’on a confiance en soi alors la vie nous le rend. Et là je tique un peu. Évidemment dans le roman, quand Camille suit les conseils de Claude tout finit bien. Or cela m’a semblé trop facile, trop évident justement. Il y a bien quelques obstacles dans le roman, mais rien qui me semble réaliste. J’ai même fini par trouver le texte culpabilisant car après tout, si l’on est malheureux, c’est de notre faute, non?
Je crois que le détail qui m’a le plus agacée c’est à propos du poids. Camille se plaint d’avoir quatre kilos de trop, souvenirs de sa grossesse. Ses kilos en trop seraient en partie responsables de son désamour d’elle-même. On s’attend, sans surprise, à ce qu’elle perde ces quelques kilos superflus dans sa grande reconquête d’elle-même. Sur le coup, je me suis imaginée une femme de taille et de poids moyens. Or voici ce que nous dit le texte: « Il me montra un pèse-personne et m’invita à monter dessus. Je déglutis, appréhendant le résultat.
– 54,8 kilos. Vous avez perdu 4,2 kilos. Bravo, Camille! »
Pas besoin d’être fortiche en maths pour se rendre compte que Camille pesait moins de 60 kilos et que donc maintenant elle doit être très mince. On tombe alors complètement dans le cliché de la minceur comme indicateur de beauté. Et je dois vous avouer que non seulement cela m’a agacée mais même culpabilisée. Mais pourquoi, pourquoi préciser ce poids? Il aurait été tellement plus sain et accessible à tous si l’auteur avait tu ce détail…
Finalement, ce roman développe des idées de bon sens et pertinentes la plupart du temps mais l’ensemble, comme tout livre de développement personnel, a eu tendance à m’agacer et à me culpabiliser. Je ne suis décidément pas le public-cible…