Titre: Du domaine des Murmures
Auteur: Carole Martinez
Edition: Folio
Date de parution: 2011
Prix Goncourt des lycéens 2011
Il y a des romans qui s’offrent à vous presque par hasard au coin d’un rayon chez le bouquiniste. Vous repartez avec vaguement intrigué par le commentaire élogieux de celui qui vous l’a vendu et puis vous l’oubliez dans l’immense pile de livres à lire. Et puis, un jour, sans savoir réellement pourquoi, c’est celui-ci que vous saisissez et que vous ouvrez. Et là, patatras, vous tombez de votre fauteuil, frappé par une plume.
Le jour de son mariage, la belle Esclarmonde, fille du seigneur du domaine des Murmures, refuse de prendre pour époux celui qui lui a été promis par son père. Elle décide de s’offrir à Dieu et de s’emmurer vivante dans un réclusoir. Elle ne se doute pas que commence pour elle un vie bien peu solitaire et retirée.
Ce roman commence comme un conte: on y rencontre une jeune princesse, la fleur de sa région qui doit épouser un jeune chevalier. Mais voilà que la jolie princesse a du caractère et refuse ce qu’on veut faire d’elle. Elle choisit donc une autre voie, bien plus complexe et incertaine. A la lisière entre le récit historique, la légende et le récit fantastique, Carole Martinez réussit à créer un univers médiéval envoûtant et pourtant d’une cruauté et d’une violence marquée.
Cet univers lui permet de mettre en scène des destins de femmes: celui d’Esclarmonde, princesse recluse qui attire les pèlerins et inspire une certaine politique des Croisés; celui de Douce, la seconde femme du seigneur des Murmures, qui mène son domaine avec intelligence et celui de Bérengère dont la féminité se révèle sous le désir. A travers ces trois personnages, Carole Martinez semble explorer la féminité, ses pouvoirs et ses faiblesses dans un monde où la femme est méprisée et crainte, sujette des fantasmes et légendes.
La construction du récit laisse apparaître un fil tragique. Si le roman commence par un scandale tâché de sang et un enfermement qui se présente comme une mort symbolique, la suite ne peut prétendre à une fin heureuse. Le lecteur attend alors ce qui pourra clore ce récit qui avait déjà commencé par une clôture. Et si un temps, le destin des trois femmes semble atteindre un point d’équilibre, tendu vers l’espoir d’une libération, ce n’est que pour se précipiter plus rapidement vers la catastrophe sous le coup des esprits étroits et peureux des hommes. Le rôle d’Ivette, la simple d’esprit, est d’ailleurs frappant à cet égard. Personnage pas si secondaire, elle incarne la bêtise et la peur méchante et cruelle de ce qu’elle ne comprend pas, incapable de s’élever comme le font les autres femmes.
Ce roman m’a véritablement emportée et j’ai hâte de découvrir les deux autres romans de cette auteure: Le Coeur cousu et La Terre qui penche.
Et si vous voulez démêler le vrai du faux à propos du Moyen Âge, pensez à l’exposition qui a lieu jusqu’au 1er octobre 2017 à la cité royale de Loches.
Plus d’informations: site de la cité royale de Loches
Je n’avais pas vraiment envie de le lire celui-ci, mais Le cœur cousu est vraiment génial. En revanche, je l’ai offert à ma maman et elle n’a pas du tout aimé. Alors c’est tout ou rien. Mais je suppose que si tu as aimé celui-ci, tu aimeras Le cœur cousu !
Bises et bises,
Maeve
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