Nouvelle incursion dans la Comédie humaine de Balzac avec le court roman (ou la nouvelle) Le Curé de Tours. Évidemment, vous n’êtes pas naïfs, j’ai choisi de le lire parce qu’il se déroule à Tours et plus précisément autour de la cathédrale Saint-Gatien.
L’abbé Birotteau a presque atteint le bonheur: il vit dans une chambre confortable qu’il a longtemps désirée et a de bons espoirs d’être nommé chanoine. Mais voilà, il se rend progressivement compte qu’il est en butte à la haine de Mademoiselle Gamard, sa logeuse. Mais le complot est plus sombre et tortueux que ne peut le concevoir le naïf Birotteau.
Ce récit commence avec gaieté et drôlerie. Ce bon abbé Birotteau mène une vie tranquille. Son portrait flirte doucement avec la farce et annonce une sorte de conte. Ce personnage naïf et un peu grotesque ne ressemble pas tout à fait au même abbé Birotteau qui apparaît bien plus fin dans Le Lys dans la vallée. A travers l’histoire cruelle de cet abbé, Balzac dresse le portrait des célibataires qu’ils soient vieille fille ou prêtre et c’est plutôt dur! Sophie Gamard et sa méchante médiocrité donne même quelques frissons. A lire ce récit, on hésite souvent entre rires et grincements de dents. Bien avant Flaubert, Balzac ici met en scène la bêtise, travers qu’il prête particulièrement à la province. Et dans cette histoire, aucun personnage n’échappe à l’égratignure, pas même les aristocrates. Pourtant Balzac a le talent de transformer un personnage presque ridicule en personnage sublime et dignement pathétique.
La fin de ce récit laisse apparaître une vision assez sombre de la société et de son fonctionnement occulte à travers la mention plutôt énigmatique de la Congrégation, une sorte d’association occulte qui manipule politiquement par des luttes d’influence. Pourtant le récit ne tombe jamais dans l’invraisemblance et dans l’excès et ressemble à un huis-clos dans une micro-société provinciale.
