Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sije

balzac et la petite tailleuse chinoiseTitre: Balzac et la petite tailleuse chinoise

Auteur: Dai Sije

Edition: Folio

Année de parution: 2000

Dans le cadre de mon été avec Balzac, je pense que je peux évoquer une lecture récente réalisée dans un tout autre contexte. J’attendais beaucoup de ce roman incontournable des listes de lectures lycéennes depuis une dizaine d’années.

Chine, début des années 1970. Deux jeunes hommes, le narrateur et son camarade Luo, sont envoyés en « rééducation » dans les montagnes lors de la révolution culturelle car ils sont considérés comme des intellectuels, fils d' »ennemis du peuple ». Les deux jeunes doivent travailler dur: rizière, travaux agricoles, mine… Ils ne sont pas sûrs de s’en sortir. Deux personnages vont changer leur vie: le Binoclard, autre jeune homme rééduqué, qui sous la contrainte, va leur donner accès à la littérature et la petite tailleuse chinoise qui va les initier à l’amour et à la sensualité.

Roman agréable à lire, sa simplicité et sa fluidité entraîne le lecteur dans la Chine des montagnes. Dépaysement garanti. Au début du roman, on y suit les deux jeunes hommes dans un univers hostile à la fois à cause des conditions de travail mais aussi à cause du contexte politique. Le moindre faux pas peut leur être fatal. Cet univers dangereux apparaît aussi totalement grotesque. Les paysans « rééducateurs » se caractérisent par leur grossièreté, leur bêtise et par l’appât du gain, loin de l’image idéalisé du travailleur pur et droit. La critique indirecte du régime est féroce!

Ce roman initiatique permet de suivre deux garçons plein de vie et de ressources qui se ménagent des aires de liberté au milieu de la dictature. Grâce à leur don de conteur, à leur filouterie et leur témérité, les deux garçons tirent leur épingle du jeu. Finalement cette « rééducation » est plus une éducation puisqu’ils découvrent ensemble les émotions propres à l’adolescence, l’amitié et l’amour par leurs rencontres et la littérature. Car la véritable initiatrice et libératrice c’est la littérature. D’abord objet interdit et objet de désir coupable, elle offre à ses jeunes lecteurs la liberté et la connaissance. Peut-être encore plus que ce qu’ils avaient prévu.

Ce très bon roman m’a cependant laissé sur ma faim. A la fin, j’ai eu la sensation que ce récit restait inachevé, incomplet et s’achevait comme un échec. En fait, le personnage qui m’a le plus intrigué, la petite tailleuse, reste dans l’ombre, objet de fantasmes et de désirs de la part des deux garçons, pourtant c’est elle qui se libère le plus. Et encore, ces derniers mots résonnent en moi comme ceux de l’erreur. Bref, la fin de ce roman me laisse pensive.

4livrecoeur

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :