Titre: Victor Hugo. Aux frontières de l’exil.
Auteurs: Gil et Paturaud
Éditions: Daniel Maghen
Date de parution: Août 2013
J’ai découvert cette bande-dessinée au festival Les Courants à Saint-Ouen-les-vignes au mois de juin et je l’ai lu d’une traite le soir même. Pourtant, j’ai tardé à vous faire ici ma chronique. C’est en terminant Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon que l’association sur le blog de ces deux titres m’a paru intéressante.
En septembre 1853, Victor Hugo est en exil sur l’île de Jersey avec sa famille et ses proches. Or, lors d’une séance de spiritisme, Victor Hugo voit apparaître l’âme de Léopoldine, sa fille morte noyée. Celle-ci lui intime de faire la lumière sur sa disparition. Pour cela, il faut rentrer en France et braver l’exil. Le poète se lance alors dans une enquête douloureuse.
Première chose à préciser, si le récit s’inspire de faits réels, cette enquête sur la mort de Léopoldine est totalement fictive. La thèse de la mort criminelle de la jeune femme est séduisante et s’appuie sur des indices, mais elle n’est pas la théorie officielle qui demeure celle de l’accident. Le récit plonge cependant son lecteur dans un contexte historique très réaliste. Napoléon III conçoit à cette époque son projet d’urbanisme parisien et scelle une alliance politique avec l’Angleterre; les anarchistes, sous le drapeau rouge, dressent des barricades et sont impitoyablement anéantis; la misère habite les rues de Paris et la justice condamne à mort. Le récit mêle donc adroitement petite et grande histoire sans perdre sa cohérence.
Pour Victor Hugo, personnage romanesque de cette bande dessinée, son périple l’amène à rencontrer un certain Gavroche, la famille Thénard ainsi qu’un Vidocq vieillissant. Le clin d’oeil aux personnages des Misérables, roman phare du poète, m’a paru à la fois astucieux et savoureux. A noter, le texte m’a paru très poétique mais je ne connais pas assez la poésie d’Hugo pour savoir si c’est un pastiche de son écriture ou si ce sont des citations.
Les planches sont d’une beauté absolument incroyable pour une néophyte de la bande dessinée comme moi. Le choix du sépia et de couleurs froides évoque pour moi les vieilles photographies mais aussi l’automne, le froid et la tristesse. Les seules cases qui se réchauffent un peu mettent en scène Victor Hugo et ses maîtresses dans des épisodes d’une grande sensualité. Il m’a semblé reconnaître des inspirations artistiques pour certaines cases comme Léopoldine en Ophélie, des tableaux de barricades ou encore la figure du romantique au bord d’une falaise escarpée de la couverture. Le romantisme du XIXe siècle filtre dans chaque dessin.
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