Titre: Un hiver à Paris
Auteur: Jean-Philippe Blondel
Éditions: Buchet-Chastel
Date de parution: 2014
Il y a des romans qui vous marquent non par le plaisir que vous en tirez mais par les émotions contradictoires qui vous agitent lors de sa lecture. Ce fut le cas pour le roman Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel.
Lors de l’année de Khâgne de Victor, un jeune provincial en classe préparatoire à Paris, un camarade d’hypokhâgne se suicide au sein de l’établissement. Victor, connaissance de la victime, commence alors à prendre une nouvelle place dans l’établissement et auprès de ses camarades. Il est reconnu comme l’ami de la victime. Il s’intègre davantage à sa classe et fréquente alors la bonne société parisienne. Il rencontre aussi le père de la victime et prend une place toujours plus importante à ses côtés.
J’ai d’abord été marquée par l’écriture de ce texte: coupante, froide, presque glaçante d’objectivité. Le narrateur justifie cette écriture par sa lucidité face aux événements.
Il s’agit du premier roman sur les classes préparatoires, que je lis, qui aborde le mal-être des provinciaux, des « durs à la tâche » qui se confrontent à l’univers de la bourgeoisie parisienne. Le narrateur met des mots sur la sensation de transparence, d’exil et de rupture avec les parents que l’on peut ressentir quand on n’a pas les codes. La violence psychologique des enseignants, la concurrence, la charge de travail impossible à surmonter sans le bagage d’une culture d’héritier, tout cela est raconté dans ce style si coupant.
Si le récit retranscrit parfaitement la souffrance, il rend aussi le désir puissant de rester vivant. Dans le roman, ce désir si puissant apparaît souvent déplacé, parfois cruel mais il permet à Victor de grandir et de se découvrir. Il apprend à faire des choix, à ne pas se fier aux illusions et à faire des erreurs. Loin d’être un modèle, Victor est un personnage complexe dont les valeurs ne sont pas toujours celles du lecteur.
Si je me suis moins retrouvée dans la fin du roman, il m’a néanmoins secouée et a ravivé certaines blessures, comme pour mieux cicatriser. Car moi aussi j’ai survécu.
Jolie chronique, très personnelle.
Bises et bises
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Merci Maeve! Elle a été aussi difficile que je m’y attendais.
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