Titre: Arte
Auteur: Kei Ohkubo
Editions: Komikku
Date de parution: 2015
Poursuite de mon challenge bandes-dessinées avec Comic Whales! Le thème du mois nous invitait à découvrir les femmes peintres et le club de lecture avait opté pour Arte de Kei Ohkubo, un manga dont l’intrigue se situe pendant la Renaissance italienne.
Arte vit à Florence au début du XVIe siècle. Cette jeune aristocrate rêve de devenir artiste peintre et que son talent soit reconnu. Elle essuie les refus de tous les maîtres et de tous les ateliers de Florence. Pourtant sa route croise Léo, un maître solitaire et bourru.
Dans ce manga, l’héroïne est Arte. Son nom n’est pas sans évoquer le mot « art » en italien mais aussi le début du prénom de la célèbre Artemisia Gentileschi, artiste-peintre italienne qui a passé un moment de sa carrière à Florence. En tant que femme et aristocrate, Arte doit se conformer à ce que l’on attend d’elle: faire un bon mariage et se comporter comme une bonne épouse. Pourtant Arte résiste à ce destin tout tracé grâce à la peinture. Elle pousse la rébellion jusqu’à quitter le domicile parentale afin d’entrer comme apprentie dans un atelier, alors que les femmes sont peu tolérées dans ce milieu. On voit donc que le manga propose à son lecteur un parcours de femme qui repousse les limites de sa condition. Cependant, le manga n’échappe pas à certains codes du genre. Certains passages sont d’une grande naïveté et surtout Arte tombe rapidement, trop rapidement amoureuse. A noter que certains comportements empreints de la culture japonaise sont à la fois anachroniques et « anatopiques » puisqu’ils n’ont clairement pas leur place en Italie, encore moins au XVIe siècle.
Parlons justement de l’aspect historique. La précision des traits et la recherche dans les décors montrent que l’auteur s’est documentée et s’appuie sur des sources fiables. Elle le précise d’ailleurs dans sa postface. Certaines pages deviennent donc de mini documentaires sur les étapes qui mènent du statut d’apprenti (discepolo) à celui de maître (maestro) mais aussi sur la répartition des tâches dans un atelier, sur la vie florentine et sur le statut des femmes.
Bizarrement dans certains mangas, je trouve que le plus intéressant se trouve dans la postface. La mangaka établit un parallèle entre la vie d’un atelier de peinture à la renaissance et celle d’un studio de manga. En effet, les analogies soulignées par l’auteur sont nombreuses, en particulier dans les rapports hiérarchiques et dans la répartition des tâches.
Je tiens à signaler qu’il y a un sacré travail d’édition pour ce manga. Je trouve la jaquette de couverture particulièrement soignée.
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