No Home de Yaa Gyasi

Titre: No Home

Auteur: Yaa Gyasi

Éditions: Livre de poche

Date de parution: janvier 2018

Il y a des livres qui, si vous n’allez pas à eux, de toutes façons viennent à vous. Le roman de Yaa Gyasi trônait fièrement sur les tables des libraires cet hiver et sa couverture colorée appelait le regard. J’ai fini par craquer. Or quelques jours plus tard, une collègue m’offrait aussi ce livre. Amusée par la coïncidence, je me suis dit qu’il était urgent de le lire, surtout que la collègue en question me confiait qu’elle n’avait pas pu le lâcher d’une seule page.

Dans ce roman, ne cherchez pas de personnage principal. Yaa Gyasi vous entraîne sur les traces d’une lignée, d’une généalogie complète. Effia et Esi sont demi-soeurs mais ne se connaissent pas. L’une épouse un Anglais, capitaine du fort Cape Coast où l’on enferme les esclaves en partance pour l’Amérique. L’autre est une des esclaves. La descendance de chacune fera face à la grande Histoire et à celle du peuple noir, africain ou américain.

Chaque chapitre du roman est le portrait en action d’un personnage et présente un moment clé de sa vie. Il fonctionne donc comme une sorte de fragment autonome, comme une petite nouvelle qui laisse le lecteur avec de nombreuses questions et le sentiment confus qu’il lui reste des blancs à combler. Les chapitres alternent la présentation des membres de chaque lignée ce qui entretient ce sentiment de frustration car si le lecteur désire la « suite », il doit patienter. Et pourtant, entre les parcours africains et américains de nombreux liens se tissent. La construction du récit est parfaitement maîtrisé et efficace.

L’ensemble forme un récit très fort en émotions et humain. Et l’aspect historique y apporte un poids supplémentaire. En effet, non seulement le lecteur s’attache aux personnages qui possèdent tous des personnalités affirmées et originales, mais il y croit d’autant plus que le contexte social et historique est fidèle à la réalité. Ainsi la grande et la petite histoire se confondent, s’entremêlent pour ne former qu’une grande fresque familiale et humaine.

Voilà un roman qui mérite son succès!