Titre: Le Mariage de plaisir
Auteur: Tahar Bel Jelloun
Éditions: Gallimard
Date de parution: 2016
Voici ma troisième lecture grâce à Audible. Cette fois, j’ai choisi de poursuivre ma découverte de la littérature franco-marocaine avec un livre dont j’avais entendu parler à la radio au moment de sa sortie. Le thème du mariage de plaisir dans la religion musulmane m’avait beaucoup intriguée.
Amir, un commerçant de Fès, a l’habitude, lorsqu’il est en voyage d’affaires, de contracter un mariage de plaisir avec Nabou, une Peule de Dakar. Mais progressivement, il se rend compte qu’il est tombé amoureux de la belle Nabou et il décide de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte de devenir sa nouvelle épouse. Il lui faut user de patience face au racisme et à la jalousie de la première épouse blanche. Et il en sera de même pour certains de ses enfants et petits-enfants.
Ce roman commence comme un conte. Un griot se prépare à vous raconter une longue histoire, l’histoire d’un homme, Amir et de sa famille. Ce que je croyais être le récit d’une histoire d’amour est en réalité l’histoire de trois générations de Marocains. A travers celle-ci, l’auteur aborde de nombreux sujets de société: le racisme, le handicap, l’intégrisme, les migrations, la religion, … L’ensemble se teinte parfois de fantastique de sorte que je me suis demandée pendant toute la lecture s’il s’agissait d’un conte ou d’un récit plus réaliste.
La construction du récit se fait par glissements légers et délicats d’un personnage à l’autre, si bien qu’il n’y a aucun personnage principal mais qu’il semble que tous le sont, à un moment du récit. Comme chaque personnage est à un moment mis en lumière, la psychologie de chacun est fouillée et permet au lecteur de s’attacher fortement à tous ou du moins d’en comprendre les réactions, désirs et émotions. Et niveau émotions, le lecteur est servi: Nabou subit successivement la jalousie des femmes de Dakar, celle de Lalla Fatma, la première épouse qui considère Nabou comme une esclave mais aussi les injustices du racisme, des préjugés, de la pauvreté. Même quand elle devient mère, l’injustice frappe ses enfants. L’un est blanc et son avenir est facile. L’autre est noir et malgré sa nationalité marocaine, il est victime du racisme. Toute la palette des émotions est offerte au lecteur et bien souvent je me suis surprise à pester contre la bêtise et la méchanceté des hommes si bien illustrées dans le roman.
J’ai été surprise par la grande sensualité de la première partie du livre consacrée aux amours de Nabou et d’Amir. Mais en réalité l’ensemble du texte fait la part belle aux sens et rend à la fois la chaleur mais aussi la douceur des corps, leur couleur et leur odeur.
Voici donc un roman qui fait voyager, stimule les sens autant que la réflexion et nous aide à porter un regard plus nuancé sur le monde.
Je remercie Audible de m’avoir permis de découvrir ce roman gratuitement.
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