Titre: Deux Hommes de bien
Auteur: Arturo Pérez-Reverte
Éditions: Points
Date de parution: mars 2018
Il y a quelques sujets qui suscitent toujours mon attention: le XVIIIe siècle, les livres, l’espionnage historique, … Et comme sur la quatrième de couverture, on pouvait lire « Un roman merveilleux, enlevé comme un feuilleton de Dumas père » et « Un roman d’aventure haletant », cela a achevé de ma convaincre.
L’Amiral don Pedro Zárate et le bibliothécaire don Hermógenes Molina, membre de l’Académie royale, sont missionnés pour se rendre à Paris et acquérir l’Encyclopédie dans sa première édition. Mais cette mission n’est pas du goût de tout le monde. Un espion est envoyé à leur trousse pour les empêcher de rapporter l’Encyclopédie.
Alors que les choses soient claires: si vous cherchez une feuilleton de Dumas, lisez du Dumas. Et si vous cherchez un roman d’aventure haletant, lisez un Dumas. Mais si vous cherchez un roman qui vous permettra de parcourir le Paris des Lumières, si vous voulez plonger au coeur des idées des intellectuels du XVIIIe siècle, alors ce roman est le vôtre.
Ce roman érudit nous emmène à Paris, nous introduit dans les salons, les cafés, et dans le milieu de l’édition. On y croise de nombreux personnages réels: Condorcet, d’Alembert, Franklin, Marat, Laclos… Les deux Espagnols portent un regard émerveillé et séduit sur Paris mais leur étrange et virulent guide, l’abbé Bringas, leur dévoile aussi la colère qui gronde, les étincelles de la révolution sanglante qui frappera Paris. Chaque conversation devient l’occasion de réfléchir sur le rôle de la raison, de la religion, sur les mécanismes de l’obscurantisme et sur la liberté.
Dans chaque chapitre, plusieurs fils narratifs se succèdent: ceux des différents acteurs de l’intrigue, et surtout, le plus surprenant, celui de l’auteur. Évidemment, cela ralentit considérablement le récit mais cela s’avère extrêmement stimulant. L’auteur semble retracer toutes les étapes de la rédaction d’un roman historique qui se veut le plus proche possible des faits. Pourtant… Il y a anguille sous roche. De nombreuses références littéraires implicites incitent à se méfier de cet auteur trop honnête. Ainsi les profils de don Pedro et don Hermógenes ne sont pas sans rappeler Don Quichotte et Sancho Panza. Et cet écrivain nous mentionne des romans qu’il aurait écrits mais qui ne semblent pas exister. Mais finalement, je dois avouer que se laisser prendre au piège du « méta-roman » est vraiment agréable. Il faut parfois accepter de se livrer…
Alors, quel bilan tirer de tout cela? Une fois passée ma déception, j’ai pris un grand plaisir à lire ce roman précis, à l’écriture visuelle et sensuelle. Et surtout je me suis laissée entraînée dans cette période historique si exaltante. Et j’irai bien jeter un coup d’œil aux autres romans de l’auteur.