Titre: Pot-Bouille
Auteur: Émile Zola
Éditions: Folio
Date de parution: 1882
Il y a parfois du bon à se forcer à lire un auteur. Les romans de Zola sont ma hantise mais pour le boulot, je me devais d’affronter cette peur. Et je crois que je commence à bien m’en tirer car Pot-Bouille m’a vraiment séduite.
Octave Mouret, un jeune homme, arrive de la province pour faire sa place à Paris. Il s’installe dans un immeuble rue de Choiseul. Le lecteur entre alors dans la vie de cet immeuble. Il entre dans chaque appartement et découvre les petits secrets et les grandes mesquineries de la bourgeoisie parisienne.
J’ai d’abord eu plaisir à retrouver Octave Mouret, personnage que j’ai découvert dans Au Bonheur des dames. Le roman Pot-Bouille se situe avant celui où Octave Mouret est le propriétaire du grand magasin Au Bonheur des dames. Il est donc intéressant de comprendre comment il a pris la tête de ce magasin et surtout de comprendre l’origine de cet endroit. Octave, dans Pot-Bouille, n’est pas un personnage toujours très agréable. Ambitieux, égoïste et parfois manipulateur, il sert de révélateur. Son arrivée dans l’immeuble perturbe, sans que personne ne s’en aperçoive, l’équilibre précaire de la petite société qui s’y est installée.
Zola soulève le voile et met au jour la sale petite cuisine à l’oeuvre dans ces appartements chics. Le roman devient donc extrêmement ironique voire satirique. Aucun personnage n’échappe à la griffe de Zola. Il se peut même qu’il se soit lui-même glissé dans le roman. Il est en effet parfois question d’une famille au deuxième étage. Le père est écrivain et tous les habitants les détestent. Le concierge, à propos des romans de cet écrivain, dit « « Des horreurs ! continua-t-il, d’une voix écœurée. C’est plein de cochonneries sur les gens comme il faut. » Cela rappelle vraiment ce que l’on a pu dire des romans de Zola.
J’ai vraiment apprécié entrer dans ces appartements, même si ce que j’y ai découvert m’a dégoutée, surprise et indignée. Il y avait sans doute une sorte de plaisant voyeurisme mais aussi celui du réalisme. Le roman retrousse les belles robes de la bourgeoisie lumineuse du 19e siècle, et nous montre la boue qui tâche les jupons.
Pendant la lecture, j’ai aussi beaucoup pensé au génial roman La Vie mode d’emploi de Perec. Dans ce roman, le narrateur décrit aussi la vie d’un immeuble mais il suit un schéma brillant et complexe. Le lecteur se trouve devant une coupe de cet immeuble comme une immense maison de poupée et le récit se déplace de case en case, tissant un récit sous la forme d’un puzzle. Un roman absolument dingue.
Votre commentaire