Titre: Le Mystère Jerôme Bosch
Auteur: Peter Dempf
Editions: Cherche Midi
Date de parution: septembre 2017
Mademoiselle Maeve est une pourvoyeuse infinie de romans. Comme j’avais montré mon intérêt pour ce titre en lisant sa chronique, hop aussitôt elle me l’a mis entre les mains. Mais j’ai pris du temps à me lancer dans la lecture. Pourtant, une fois ouvert, je l’ai dévoré, retrouvant un peu de mon plaisir enfantin de lecture.
Le tableau Le Jardin des délices de Jérôme Bosch vient d’être vandalisé par un prêtre dominicain. Michael Keie est chargé de le restaurer avec l’aide d’Antonio Nebrija, un historien de l’art. La psychiatre en charge du prêtre vandale entraîne Keie dans une drôle de quête autour du sens de ce tableau. Le prêtre leur raconte l’histoire de Petronius Oris, un jeune apprenti de Bosch. Il découvre alors les liens entre l’artiste et une secte hérétique poursuivie par l’Inquisition autour de 1510.
Le roman présente deux fils narratifs à des époques différentes: de nos jours, Michael Keie cherche à restaurer le tableau de Bosch. Mais les dégradations causées par le prêtre semblent révéler de nouveaux éléments pour comprendre l’énigmatique tableau. Cette partie s’appuie sur une analyse du tableau et différentes hypothèses de sens que l’on a pu faire à son sujet. Je me suis donc retrouver à observer le tableau en détail à plusieurs reprises, fascinée par tant de couleurs et d’objets étranges. Pourtant les personnages de cette partie sont restés trop peu approfondis pour moi. L’autre fil narratif nous plonge dans une aventure au début de la Renaissance hollandaise. Aux côtés de Pétronius Oris, le lecteur découvre la vie d’un atelier et des apprentis. Cette partie, beaucoup plus ésotérique, est, à mon sens, plus développée, plus romanesque et aboutie. Le rythme haletant maintient l’attention du lecteur jusqu’à la fin. Si certaines questions restent sans réponse à la fin du roman, j’ai trouvé intéressant que la fin ménage plusieurs interprétations, un peu comme dans un roman fantastique.
Ce qui fait l’intérêt du roman, c’est la réflexion sur le rôle de l’art dans la religion mais surtout comme support de transmission de connaissances ou de messages. La peinture, comme le roman, est une parole, un regard posé sur le monde par un artiste. Or, image et mot traversent le temps et permettent à l’artiste de diffuser son message indéfiniment. Si le motif de la secte hérétique est devenu incontournable dans les romans ésotériques à la Dan Brown, il peut aussi être l’occasion de réfléchir aux rapport entre hommes et femmes. Ici, la secte mise en scène montre que l’interprétation des textes religieux aurait pu laisser place à une religion plus égalitaire.
Même si je ne suis pas totalement satisfaite par le traitement de l’intrigue, j’ai passé un agréable moment avec ce roman dont les pages ont rapidement défilé. Il est aussi la preuve qu’un roman distrayant peut aussi nous transmettre des connaissances (ici en histoire de l’art) mais aussi nous faire réfléchir à bien d’autres thèmes, le tout sans en avoir l’air.
« Pourvoyeuse infinie de romans », je penserai à mettre ça dans mes qualités si on me demande 😉
Jolie photo en tout cas.
Bises et bises,
Maeve
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je l’avais noté à sa sortie, et finalement pas tenté, à voir à l’occasion!
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