Première lecture de mon été avec Balzac (saison 2), Peines de coeur d’une chatte anglaise n’est pas un roman. Il s’agit plutôt d’un recueil de nouvelles qui n’ont, à l’origine, pas de rapports immédiats avec La Comédie Humaine.
En 1840, Hetzel, éditeur célèbre, lance le projet d’un livre collectif autour des illustrations du caricaturiste Granville. Il lui donne le titre Scènes de la vie privée et publique des animaux, comme un clin d’oeil au sous-titre « Scènes de la vie privée » de la Comédie Humaine. Plusieurs écrivains renommés participent à ce recueil: George Sand, Alfred de Musset, Charles Nodier mais surtout Balzac qui est un des contributeurs les plus prolifiques. Et ce n’est pas surprenant quand on connaît un peu Balzac. Non seulement il s’est toujours intéressé à la peinture (cf Le Chef d’Oeuvre inconnu et les descriptions inspirées de peintures) mais il aime aussi à comparer les hommes et les animaux dans la tradition de la physiognomonie (méthode qui permettrait de juger du caractère d’une personne à partir des traits de son visage).
Le recueil Peines de coeur d’une chatte anglaise regroupe cinq nouvelles écrites par Balzac. Une des nouvelles porte la signature de George Sand mais elle ne serait l’auteur que du dernier paragraphe. Ces nouvelles sont des fables satiriques animalières dans la tradition des fables de La Fontaine et des contes philosophiques.
Dans Peines de coeur d’une chatte anglaise, le lecteur découvre Beauty, une chatte anglaise élevée dans les mœurs aristocratique. Elle est fiancée à un noble chat: Puff. Mais elle tombe bientôt sous le charme d’un matou français sans le sou, Brisquet. Dans cette fable, Balzac se moque des mœurs anglaises en matière d’amour. Certains y ont vu la mise en scène de la liaison de Balzac avec la comtesse Guidoboni-Visconti.
Deux voyages, celui « d’un moineau de Paris à la recherche du meilleur gouvernement » et celui « ‘d’un lion d’Afrique à Paris et ce qui s’en suivit » sont des contes satiriques et piquants sur la politique et les mœurs parisiennes.
L’âne narrateur du Guide-âne à l’usage des animaux qui veulent parvenir aux honneurs raconte comment son maître et lui ont fait carrière. Cette fable met en scène une controverse scientifique et la tourne en dérision par un stratagème burlesque.
Il reste Les Amours de deux bêtes offerts en exemple aux gens d’esprit. Je dois avouer que cette histoire m’a laissé perplexe et je ne suis pas sûre d’avoir tout compris! Le prince Jarpaedo est une cochenille du Jardin des plantes. Mais celui-ci refuse de se reproduire car il reste fidèle à sa bien-aimée de qui il a été séparé. Sorte de réécriture du roman Paul et Virginie, on sent que l’auteur s’amuse. Les références littéraires et scientifiques m’ont totalement échappées et cela a rendu le texte difficile à suivre.
Que conclure de tout cela? Il est très clair que Balzac s’amuse beaucoup à écrire ces petites histoires. Mais elles sont loin de n’être qu’un divertissement puisqu’elles peuvent être lues comme un portrait de l’époque. Et on voit bien le lien avec la Comédie Humaine!
