Deuxième Everest de mon été avec Balzac, Le Père Goriot m’a toujours semblé inaccessible. Bêtement, comme une majorité de personnes, je me suis imaginé que ce roman serait ennuyeux, long et rempli de descriptions. Eh bien, j’avais tout faux!
A la pension Vauquer se côtoient Eugène Rastignac, jeune étudiant ambitieux, Vautrin, un homme mystérieux et le père Goriot, souffre-douleur de la pension. Dans ce lieu misérable, loin des quartiers parisiens flamboyants, couve un drame émouvant et cruel, celui d’un père victime des caprices de ses filles et de sa trop grande générosité.
Dans ce roman, Balzac met en scène un père sublime qui se sacrifie pour ses filles. Et quelles pages magnifiques sur la paternité dans ce roman! Si l’on peut condamner l’égoïsme de ses filles, Delphine de Nuncingen et Anastasie de Restaud, il ne faut pas oublier que Goriot est responsable de leur comportement capricieux par ses trop grandes largesses et son esprit de sacrifice. De plus, le malheur conjugal de ces deux femmes n’est pas feint.
On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un roman d’éducation du jeune Rastignac. Comme Lucien de Rubempré, il se dépouille progressivement de ses illusions et découvre la cruauté parisienne. Pourtant, il ne fait pas les mêmes erreurs que Lucien et, guidé par plusieurs personnages sur les voies de l’ambition, il ne tombe pas dans les pièges tendus par la société. Moins acteur qu’observateur, il se caractérise plutôt par son impuissance. Et c’est sur une forme de révolte rageuse que s’achève le roman. On attendrait presque une suite mais la réussite de Rastignac est à lire entre les lignes d’autres romans de la Comédie Humaine.
Aussi aigre et amer qu’Illusions perdues, Le Père Goriot semble un roman central dans la Comédie Humaine. Tous les personnages récurrents s’y croisent et certains autres se dessinent en filigrane. Après avoir lu Le Père Goriot, le lecteur se précipitera ainsi sur Gobseck, un court roman autour de la figure d’un usurier. Dans ce roman, le lecteur retrouvera Anastasie de Restaud et comprendra mieux ses malheurs.
Contrairement à ce que je pensais, s’il fallait commencer la Comédie Humaine par un roman, ce serait sans doute celui-ci tant les grands enjeux de cette œuvre monumentale s’y rassemblent.
A noter, le roman est daté « Saché, septembre 1834 » et il a été commencé justement au château de Saché lors d’un de ses séjours tourangeaux. Même les romans parisiens gardent un pied en Touraine!
J’ai adoré lire Le Père Goriot au lycée. J’espère que tes élèves l’aimeront aussi. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Roman lu lors de ma 1ère année de fac, il faudrait que je le relise ! Je note aussi ton conseil à propos de Gobseck.
J’aimeAimé par 1 personne
Ça se lit vite et c’est pas mal à faire étudier, je pense.
J’aimeJ’aime
Je l’avais étudié en seconde. Mais je n’ai jamais vraiment aimé le réalisme, je lui ai toujours préféré le romantisme.
J’aimeAimé par 1 personne
Je peux comprendre. Je pense que ça change parfois avec l’âge. Par exemple, j’apprécie de plus en plus le réalisme et le naturalisme en mûrissant. Mais Balzac n’est pas un vrai réaliste. Il a fait partie du Romantisme avec Hugo et on le sent dans son oeuvre, en particulier dans ses premiers romans.
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais aussi les mêmes préjugés quand j’ai commencé Balzac, mais je suis rapidement tombée amoureuse de son ironie et de sa tendresse qu’il accorde à ses personnages.
J’aimeAimé par 1 personne
Tout à fait: ironie et tendresse. C’est exactement ça!
J’aimeJ’aime