Dernier Balzac de mon été, je termine sur un roman vraiment surprenant, tant par le fond que par la forme. J’avais choisi ce roman pour mieux comprendre pourquoi on dit que Balzac est le romancier des femmes et aussi parce qu’il y parlait un peu de la Touraine.
La jeune Julie a épousé le beau colonel Victor d’Aiglemont malgré les réticences et avertissements de son père. Pourtant l’union est loin d’être heureuse. Plusieurs vies s’offrent à elle: la vertu et une vie malheureuse ou l’adultère et la culpabilité.
Avec ce roman, Balzac est devenu le peintre des femmes. Les chapitres retracent les différentes étapes de la vie de Julie d’Aiglemont. J’ai été surprise par la subtilité du traitement des émotions et de la naissance de l’amour. Balzac fouille la psychologie de son personnage, il étudie les méandres de ses émotions. Pourtant, j’ai eu l’impression que la psyché de Julie se faisait de moins en moins accessible à mesure qu’elle vieillissant, comme s’il y avait quelque chose que se figeait, une distance qui s’instaurait.
Si le roman peut condamner les mauvais mariages, si la question de la sexualité dans le couple est suggérée et que le roman apparaît en cela moderne et presque « féministe », la femme semble tout de même vouée au malheur. En effet, le poids de la faute de l’adultère condamne Julie à souffrir mais aussi ses filles après elle, comme une souillure tragique.
Les chapitres de ce roman semblent indépendants et une ellipse temporelle importante les sépare. On note même un changement de narrateur. Il s’agit là des traces d’une recomposition car Balzac a réuni différents textes pour composer ce roman. Mais je trouve que cela souligne l’effet d’étapes. Par ailleurs, certaines fins de chapitre sont particulièrement surprenantes et dramatiques, de véritables cliffhangers. D’ailleurs, on trouve aussi quelques éléments romanesques inhabituels comme une attaque de pirates ou encore une scène mystérieuse, presque gothique, d’enlèvement de jeune fille par un inconnu.
Bref, une lecture étonnante que j’ai beaucoup aimé. Mention spéciale pour les descriptions de la Touraine. Si vous avez aimé Une Vie de Maupassant, La Femme de trente ans vous plaira.