Titre : Petite
Auteur: Geneviève Brisac
Éditions: Points
Date de parution: 1996
Parfois, on est amené à lire des romans dans lequel on n’aurait pas laisser entrer un orteil. Pourtant, il est toujours intéressant de se confronter à un livre qui ne nous plaît pas de prime abord. Et après lecture il sera temps de se demander si nous avions raison, tort et qu’est-ce qu’on pourra faire de cette expérience.
Nouk décide d’arrêter de manger. Elle cherche à contrôler son corps et son univers, à être la plus forte et pour cela elle se met à mentir, voler. Elle n’est plus une petite fille sage. Ses parents décident de l’interner dans une clinique. Puis Nouk se reconstruit progressivement par la liberté et l’amour de son grand-père.
La Petite c’est Nouk. Mais Nouk est aussi Geneviève, l’auteure. Le récit alterne entre un « je » et un « elle », entre souvenirs et récit.
Ce récit, dur et sec, met en scène une adolescente apeurée qui cherche à contrôler son corps, non pas pour être mince, mais pour avoir prise sur ses transformations, sur son fonctionnement. Son désir de maîtrise absolu envahit sa vie et s’entend aussi à celle de ses proches.
L’anorexie apparaît comme une toute puissance qui isole de la famille et des autres.La famille est d’ailleurs laissée en marge. Cora, le bébé, les parents n’apparaissent jamais vraiment dans le champ. Il demeurent souvent sans nom, une vague présence. Le mécanisme de la maladie, son égoïsme et sa dureté sont parfaitement retranscrits. Quant aux causes, elles restent à supposer. Se jouent en Nouk des traumatismes et des non-dits familiaux qu’elle porte comme un poids mais aussi sans doute un caractère farouche qui l’empêche de s’ouvrir aux autres. La concentration du roman sur la subjectivité de Nouk renforce l’impression d’égoïsme, d’enfermement dans une horreur silencieuse.
La guérison qui conclut ce récit reste nébuleux. Aucune durée, aucune étape n’est marquée, comme si à la netteté des contours de cette maladie succédait une douceur floutée. Il reste de ce court roman un portrait acéré sur un fond flou.
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