Titre : Génération B
Auteur: Chang Kang-myoung
Éditions: Editions Decrescenzo
Date de parution: juin/juillet 2019
J’ai eu la surprise d’être contactée par les éditions Decrescenzo pour découvrir une de leur dernière parution: Génération B de Chang Kang-myoung. Cette maison d’édition est spécialisée dans la littérature asiatique, et notamment la littérature coréenne contemporaine. C’était pour moi l’occasion de sortir un peu de ma zone de confort géographique.
En Corée, la jeunesse subit une lourde pression lors de ses études pour intégrer les plus grands entreprises. Mais l’ambition et les rêves des générations précédentes n’ont plus la place de s’épanouir dans cette société que la belle et redoutable Seyeon appelle le « Great Big White World ». Dans ce cas-là, à quoi bon? Quand Seyeon se suicide, elle déclenche un processus qui entraîne de nombreux jeunes avec elle. Face à Seyeon et au site whydoyoulive.com, le narrateur cherche à faire émerger sa voix.
Dans les premières pages, le lecteur se retrouve un peu perplexe. Plusieurs formes se succèdent: article de journal, récit encadré en gris, prise de parole d’un narrateur personnage. Egaré, il cherche de quoi on va lui parler. Un peu déconstruit, ce début interpelle et intrigue. Puis, le récit commence à tisser son sens avec une écriture très neutre. Et on dévore alors en une journée ce roman.
Le narrateur se présente clairement comme un anti-héros lucide voire un peu cynique. Il ne semble pas prendre une part importante à l’intrigue au début et ne gagne son statut de personnage principal qu’à la fin. Pourtant c’est lui qui guide le lecteur dans sa rencontre avec Seyeon et son héritage « philosophique ». Le roman nous entraîne dans une sorte de thriller sociologique qui dénonce les travers de la société sud coréenne, mais qui pourrait s’appliquer aussi au monde occidental, dans une autre mesure.
Ce qui est le plus étrange dans ce roman, c’est bien le personnage de Seyeon. Il semble qu’elle séduit autant par sa dangereuse intelligence que par son physique. Si elle incarne une sorte de cliché de la femme fatale, elle gagne en complexité et en faiblesse au fur et à mesure que le récit progresse. Le narrateur garde d’ailleurs tout au long du roman une sorte de distance avec la fascination qu’elle exerce sur tous les autres. Malgré tout, le lecteur peut se sentir ébranlé par l’argumentation qu’elle met en place. Il y a ainsi un effet d’attirance et de répulsion très bien créé par l’auteur. La conclusion n’apporte d’ailleurs pas de réponse précise à la tension et laisse le lecteur faire son propre choix.
Je remercie les éditions Decrescenzo pour leur confiance.
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