Titre : Au bonheur des ogres
Auteur: Daniel Pennac
Éditions: Folio
Date de parution: 1985
Sur les (toujours bons) conseils de Mademoiselle Maeve, j’ai voulu découvrir la plume romanesque de Daniel Pennac par le premier tome de la saga Malaussène. Comme le titre de ce roman évoque le roman d’Emile Zola Au Bonheur des dames, on se doute que l’action va se dérouler au cœur des grands magasins.
Malaussène, le personnage principal (est-il un héros? un anti-héros?) est bouc-émissaire dans un grand magasin. Mais des bombes explosent dans les rayons et tout semble l’impliquer. Il est donc contraint de mener l’enquête tout en gérant sa petite famille farfelue.
Bon soyons clairs dès le début, j’ai adoré! Et pourtant il m’a été difficile de rentrer dans le récit. J’ai été décontenancée par la fantaisie des personnages et de l’écriture. Les éléments importants du récit (qui est qui?) restent très longtemps implicites. Il faut accepter de lâcher prise, de se laisser guider. On plonge alors dans un univers fantasque mais vraiment attachant. Et si chaque personnage est complètement décalé, ils trouvent une place logique dans cet univers.
Entre le récit comique et l’enquête policière, l’histoire de Malaussène nous entraîne dans les coulisses d’un grand magasin, dans son passé peu reluisant et dans ses secrets d’alcôves. Ne vous fiez à personne car personne n’est à l’abri d’être le poseur de bombes, même pas les papis gâteux, les cultivés libraires ou les syndicalistes. Jusqu’au bout l’intrigue rebondit de surprises en retournement de situation.
Ce que j’ai particulièrement aimé c’est l’absence d’une morale bien définie. Le roman met en lumière l’immoralité de la société en révélant tous ses mécanismes, en particulier celui de bouc émissaire. Même les personnages n’obéissent pas aux rôles qui leur sont traditionnellement attribués: le méchant est à la fois grotesque et inquiétant; la mère est un personnage vague, distant et peu responsable, loin des stéréotypes romanesques.
Quant à l’écriture, c’est un festival réjouissant. Pennac se libère là aussi des contraintes romanesques traditionnelles. Le langage est souvent familier, proche de l’oralité. Et Pennac utilise particulièrement la parenthèse, ce qui peut surprendre.
Bref, je recommande ce roman complètement foutrac!
🤗
J’aimeAimé par 1 personne