Chère Cécile,
J’ai longtemps entendu parler de vous et de vos romans avant d’oser saisir l’un d’entre eux dans les rayonnages de la bibliothèque municipale. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Parce que la littérature dite « blanche » m’indispose souvent, soit que je la trouve arrogante soit que je ne me sente pas à la hauteur. J’étais donc intimidée et c’est d’ailleurs pour ça que je n’ai pas choisi parmi les titres ceux dont j’avais entendu parlé auparavant. J’ai tendu ma main vers Le Rire du grand blessé. Mais avant de partir, je me suis rappelée que vous aviez aussi écrit un recueil de poésie: Les Ronces. Et c’est de cela dont j’avais, sans doute, le plus besoin car j’y ai mis beaucoup moins d’hésitations.
J’ai commencé votre roman un soir, dans mon bain. Il a bien fallu en sortir quand l’eau fut froide. Mais pas de votre roman que j’ai terminé dans la nuit. L’image élimée de la claque littéraire, je n’en trouve pas d’autre qui convienne. Mais ce n’est rien comparé à votre poésie. A chaque poème, j’ai eu l’impression d’être transpercée par des mots et un regard. Votre écriture ferme, âpre et minérale égratigne dans une caresse, console dans sanglot.
Je dois vous avouer qu’après la lecture de ces deux livres, j’ai passé deux semaines à désirer vous retrouver. Un peu comme avec un nouvel amoureux, j’ai d’abord tenté l’indifférence en vous retournant à la bibliothèque. Mais le désir était si grand que j’ai guetté le moment de me rendre dans une librairie. Quand on vit en province et que l’on travaille, le moment privilégié de la visite au libraire n’est pas si courant. N’y tenant plus, je me suis précipitée dans le premier « Cultura » qui passait. Ils n’avaient pas votre dernier recueil Noir Volcan mais ils avaient quelques uns de vos romans. Je saisis l’un d’entre eux avec un léger tremblement. Je craignais de ne pas vous y retrouver, de rater ce deuxième rendez-vous. Alors en rentrant chez moi, j’ai déposé ce roman dans ma bibliothèque. Je n’étais pas prête. Et de toutes façons, ce que je voulais, c’était de la poésie, votre poésie. J’ai fini, un peu comme une amoureuse transie ou une junkie en manque, par téléphoner à mon libraire. Il me fallait absolument Les Ronces et Noir Volcan, là, maintenant, tout de suite. Et pourtant j’ai encore attendu une semaine avant de les tenir dans mes mains, avec une bouffée d’émotion incompréhensible. Et même si je lisais vos posts sur Facebook, je désirais m’immerger dans vos mots, m’y blottir. Noir Volcan m’a recueillie, comme on rentre au foyer après un long chemin sous la pluie d’orage. Mais je suis toujours fébrile à l’idée d’ouvrir Trois Saisons d’orage qui attend toujours dans la bibliothèque. Autant vous m’êtes familière dans votre poésie, autant vous m’impressionnez encore dans vos romans.
J’aime la littérature et j’ai déjà fait de belles rencontres littéraires. De véritables coups de foudre. Mais je ne suis jamais tombée amoureuse avant vous. Et je vous dis : Merci !
Pour ceux qui voudraient découvrir le recueil Les Ronces de Cécile Coulon, je vous invite à regarder cette vidéo poétique de Bookimia.

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