
En général, les mangas sont plutôt destinés jeunes lecteurs et on leur reproche leur violence, leur futilité ou encore le vide de leur contenu. Mais c’est mal connaître leur diversité. Depuis quelques années maintenant, des contenus plus adultes, plus réfléchis et plus complexes apparaissent sur le marché.
Aujourd’hui je vais vous parler de deux mangas qui ont le même thème – les livres – mais pas du tout le même traitement.

Je commence par le plus récent : Magus of the library de Mitsu Izumi publié depuis 2017 au Japon. J’ai d’abord été attirée par sa couverture vraiment travaillée. Au centre, on y voit un jeune garçon tenant un tas d’objets dont un livre. A l’arrière-plan, on distingue les rayonnages d’une bibliothèque.
Le jeune garçon sur la couverture s’appelle Shio. Pauvre, rejeté par ses camarades et le village à cause de sa différence physique, Shio aime par-dessus tout les livres. Son rêve est de partir pour la bibliothèque centrale, un endroit lointain où sont rassemblés tous les livres qui existent. Un jour, trois bibliothécaires de la capitale se présentent dans son village pour enquêter sur un vieux livre. La mission de ces trois bibliothécaires est de veiller sur les livres de la bibliothèque centrale, de les réparer et de prendre soin de tous les livres qui en auraient besoin.
Magus of the library plonge le lecteur dans un univers de fantasy. On y retrouve tous les codes : un jeune héros solitaire rêve d’aventures mais surtout d’être reconnu et admis par ses pairs : cela sent la quête initiatique ! Son passé encore mystérieux intrigue le lecteur dès les premières pages. Les bibliothécaires, sorte de prêtresses des livres, usent de magie pour protéger les livres.
Dès le premier tome, le message est clair. Les livres apportent instruction et évasion. Ils sont un bien précieux qui permet de sortir de sa condition sociale et d’échapper au déterminisme. La quête initiatique permettra probablement au jeune héros de s’accomplir et de trouver une place dans la société qui le rejette. A cela s’ajoutent des dessins d’une grande richesse qui plonge dans un univers onirique.


Dans un autre genre, moins destiné à la jeunesse qu’aux adultes, Le Maître des Livres de Umiharu Shinohara permet au lecteur de pousser la porte de la bibliothèque pour enfants « La Rose trémière ». On y fait la rencontre de Mikoshiba, un bibliothécaire connu pour toujours trouver le livre qu’il faut lire au bon moment. Tel un « sommelier des livres », il excelle dans ses conseils littéraires. Mais Mikoshiba se signale aussi par son mauvais caractère. Au fil des histoires, les différents personnages s’étoffent et deviennent de plus en plus intéressants.
J’ai lu les deux premiers tomes de la série qui en compte 15. Là encore, il s’agit d’un véritable éloge de la lecture et des bibliothécaires, mais plus précisément encore d’un éloge de la littérature de jeunesse. De nombreux titres de la littérature japonaise et mondiale y sont d’ailleurs cités. Un « lexique de la bibliothèque » à la fin du tome présente les auteurs, les œuvres et le vocabulaire spécifique. A chaque fois, le livre pour enfant est un biais par lequel l’individu, même adulte, progresse, résout un problème, se confie. Loin d’être réduit à un simple divertissement pour enfants, le livre acquiert une incontestable nécessité. Par des dessins très simples et de petites scènes calmes et sans prétention, la série aborde de nombreuses problématiques liées à l’éducation, à la résilience, à la mémoire et aux relations entre les individus.
On peut espérer que grâce à ces deux mangas, certains retrouvent le chemin de la lecture.
Magus of the library, Mitsu Izumi, éditions Ki-Oon
Le maître des livres, Umiharu Shinohara, éditions Komikku


Très intéressante chronique. Des mangas qui parlent des livres… Très beau titre. Il faut que je découvre les mangas, genre que je n’ai jamais essayé. Bonne journée !
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J’aime sortir des sentiers battus avec les mangas et la qualité est vraiment bien meilleure que quand j’étais ado!
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Magus of the Library est pour moi une superbe découverte. J’aime beaucoup les dessins, même chose pour l’histoire et les livres, qui constituent l’épicentre du manga.
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