
Cela fait toujours plaisir quand un auteur vous fait confiance et vous adresse son roman pour que vous le lisiez. Voici donc le deuxième roman de Fabien Laudic que je découvre, cette fois dans le genre policier.
Gaspard Vance est retrouvé mort dans sa grande maison luxueuse de Lagord. Rapidement des doutes s’élèvent et le commissaire Bloom ouvre l’enquête sous le soleil brûlant de l’été 2008. Tous vont être suspectés : Laure, la splendide jeune femme que Gaspard devait épouser, Julien et Baptiste, les deux fils, Blandine, la fille…
Ce qui frappe dès les premières pages, c’est l’écriture de Fabien Laudic. J’ai retrouvé son aspect tranchant et géométrique. De nouveau ces grands aplats de couleurs, ces contrastes. J’ai eu l’impression d’ouvrir un livre dans la veine du Nouveau Roman dans les premières pages, quelque chose de labyrinthique et froid, à l’image de la grande maison de Gaspard Vance. Cela pourrait rebuter mais j’ai immédiatement été sous le charme. Cet effet de l’écriture s’estompe progressivement même si l’écriture reste particulièrement ciselée tout au long du récit.
Le récit reprend les codes du roman policier, voire du thriller mais n’entre pas complètement dans le genre. La figure du commissaire reste aux marges, comme encadrant une histoire où autre chose se noue. Au contraire, le personnage de Laure, la femme fatale est au coeur du récit et des personnages. Même si le point de vue est souvent le sien, elle est restée, pour moi, énigmatique. Le désir instinctif qu’elle suscite contraste avec son attitude de femme dévouée et amoureuse d’un homme vieillissant. Et je me suis souvent dit au cours de la lecture que cette figure de femme fatale échappait aux clichés. Parce qu’évidemment, on nous a mis dans la tête que la femme fatale est forcément une manipulatrice, une Milady en puissance. Ce caractère imperméable est peut-être d’ailleurs un fait exprès. Si elle était complètement transparente et univoque, comment pourrait-elle susciter l’intérêt ? C’est d’ailleurs assez troublant de ne pouvoir faire confiance à aucun des personnages principaux, en particulier ceux dont on suit les émotions les plus intimes, dans un lyrisme parfois proche du délire.
S’il faut retenir une chose de ce roman, c’est qu’il est porté par un certain graphisme dans les images suscitées. Le bleu et la lumière structurent le récit et j’avais en tête à la fois les tableaux de David Hockney et certaines pages de L’Etranger de Camus où le soleil et la chaleur deviennent les marqueurs d’un destin tragique.

Fabien Laudic, Sur le Solarium, La Compagnie du Livre