C’est fou comme je suis souvent déçue par les grands succès littéraires. Pourtant ce roman de Madeline Miller avait tout pour me plaire : un personnage féminin, de la mythologie, des références à l’Odyssée. Bref, j’étais impatiente de lire ce roman.
Circé, fille d’Hélios et de l’Océanide Perséis, est l’aînée d’une fratrie terrible comptant Persés, Eétès (père de Médée) et Pasiphaé. Elle n’est pas particulièrement appréciée de sa famille et ne trouve pas sa place dans le palais de son père. Elle cherche du réconfort auprès d’un mortel Glaucos. Et à partir de là les ennuis commencent. Elle finit exilée par les dieux sur l’île d’Aeaea car elle est devenue une sorcière dangereuse. Prisonnière de son île, elle voit passer les dieux, les héros et prend part à sa façon aux grandes épopées.
J’ai rencontré l’autrice lors d’un salon du livre à Montmorillon. J’avais été intriguée par ce que ce roman promettait : une enquête pendant l’Antiquité. J’avais lu Du Sang sur Rome de Steven Saylor et j’avais vraiment aimé. Je n’avais qu’une seule envie, retrouver Rome et ses mystères. Dans le contexte de mon challenge personnel #eteantique, je me suis dit que cette lecture conviendrait parfaitement.
En l’an 54, sous le règne de Néron, Marcus Tiberius Alexander vient d’être adopté par testament par le riche sénateur Quintus Cornélius Lupus. Mais il soupçonne rapidement que la mort de son nouveau père n’est pas très naturelle. D’autres riches pères de famille trouvent étrangement la mort. Pour les beaux yeux de sa sœur adoptive Cornelia, pour sauver des esclaves et pour faire la lumière sur tout cela, Alexander va devoir lutter contre la secte du serpent.
Le premier roman destiné explicitement à la jeunesse et qui, en plus, a recours à la mythologie est le roman de Fénélon intitulé Les Aventures de Télémaque.
Télémaque est le fils d’Ulysse. Il part à la recherche de son père qui ne rentre pas de la guerre de Troie. Accompagné de Mentor, son précepteur, il va traverser la Méditerranée pour retrouver sa trace. D’île en île et de rencontre en rencontre, Télémaque va découvrir le monde pour être prêt à prendre la succession de son père et devenir un bon roi.
Ce n’est pas souvent que je m’agace en lisant un roman. En général, ce que je trouve mauvais ou peu intéressant, je n’en parle pas, je le revends et je l’oublie. Mais cette fois, quelque chose en moi s’est hérissé et pourtant je ne cherche pas à faire polémique ni à inviter à brûler ce roman. Je voudrais juste interroger ce qui m’a provoqué cette irritation
En Grèce, au temps des dieux et des héros, on retrouve des nymphes pétrifiées. Les dieux chargent Phildémon, un héros fils de dieux, d’identifier le coupable. La piste de Méduse est vite écartée puisque le monstre a été tué il y a longtemps. Qui donc pétrifie ces jeunes divinités innocentes ?
Avec cet article, je souhaite inaugurer une autre façon d’aborder mes lectures. Je me suis aperçue que je faisais souvent des liens entre les livres que je lisais. Déformation professionnelle? Peut-être. Mais quand j’ai vu que Mademoiselle Maeve présentait deux livres sur une thématique le lundi matin sur France Bleue, je me suis dit que c’était sans doute naturel de fonctionner de la sorte. D’ailleurs, si vous aimez les choix thématiques, je vous conseille la box de livres de chez My Book Box qui vous surprendra chaque mois avec une sélection de un à trois livre sur un thème choisi par la créatrice de la marque.
Maintenant que j’ai fait de la publicité pour deux femmes que j’aime beaucoup, revenons-en à nos moutons: La Commune de Paris. Il est probable que vous n’ayez pas entendu parlé de cet événement historique parisien. Je l’ai moi-même découvert avec stupeur assez tard.
En 1870, l’empereur Napoléon III règne. En juillet, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse (et une coalition d’états allemand qui correspond à peu près à l’Allemagne actuelle). Mal préparée, l’armée française subit plusieurs défaites. La défaite de Sedan, le 2 septembre 1870 marque la capitulation de Napoléon III qui est fait prisonnier. Cette capitulation provoque un soulèvement populaire à Paris. La République est proclamée le 4 septembre 1870 et un gouvernement provisoire est installé. L’armée prussienne avance et fait le siège de Paris à partir du 17 septembre 1870. Dans la capitale, les réserves s’épuisent. La nourriture est rationnée. On abat les chevaux et même les animaux du Jardin des plantes – nous y reviendrons. Mais tout cela ne concerne que les nantis. Le peuple a faim et en est réduit à manger les chats, les chiens, les rats. Pour communiquer avec l’extérieur, on utilise les pigeons voyageurs, qui sont parfois attaqués par les faucons prussiens. De plus, l’hiver est rude et les Parisiens meurent littéralement de froid et de faim. A cela s’ajoutent les bombardements… Le 28 janvier 1871, le gouvernement français, réfugié à Tours, signe l’armistice. Les conditions de la paix sont lourdes: des indemnités de guerre, une occupation du territoire et cession de l’Alsace et de la Lorraine. Le 1er mars les Prussiens défilent dans Paris.
Trahis et humiliés, les Parisiens sont en colère. Le 18 mars, Adolphe Thiers envoie les troupes françaises récupérer les canons stockés à Montmartre. Les Parisiens s’y opposent et les troupes françaises refusent d’exécuter l’ordre de tirer sur la population. C’est l’insurrection. Les Parisiens organisent alors des élections où l’extrême gauche remporte la majorité de voix. La Commune de Paris est proclamée et le drapeau rouge flotte sur la ville. Des mesures qui visent à l’égalité entre les citoyens et entre hommes et femmes sont prises. Mais le gouvernement français, installé à Versailles, cherche à mater cette rébellion. La Commune prend fin brutalement lors de la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871. On compte près de 20 000 morts.
Pour en savoir plus, je vous conseille deux courtes vidéo:
C’est dans ce contexte historique et politique que se situent les trois œuvres dont je vais vous parler.
Hervé Jubert, Blanche ou la triple contrainte de l’Enfer, juin 2010
Nous sommes à Paris en 1870 pendant le siège de Paris. Blanche a raté le dernier train pour la province et a été séparée de sa famille. Heureusement, son oncle Gaston, commissaire à la Sûreté, est là pour s’occuper d’elle. Mais une enquête étrange lui occupe l’esprit. Un cadavre, retrouvé dans les jardins du Palais-Royal, trépané, un tatouage occulte sur le bras gauche, se volatilise mystérieusement. Blanche, passionnée par les méthodes d’investigation, décide d’aider Gaston, voire de le contrecarrer. Dans une ville guettée par la famine et en proie aux bombardements, la jeune fille plonge au coeur d’un sombre mystère et d’une terrible vengeance, aux frontières du fantastique.
Lucie Pierrat-Pajot, Les Mystères de Larispem, tome 1: Le sang jamais n’oublie, avril 2016
Dans la Cité-État de Larispem, en 1899, les bouchers constituent la caste forte d’un régime populaire, issu de La Commune. Trois jeunes personnages, liés par le destin, vont devoir faire Dans la Cité-État de Larispem, en 1899, les bouchers constituent la caste forte d’un régime populaire, issu de La Commune. Trois jeunes personnages, liés par le destin, vont devoir faire face au retour des Frères de Sang, avides de vengeance : Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé mystérieux. face au retour des Frères de Sang, avides de vengeance : Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé mystérieux.
Wilfrid Lupano et Lucy Mazel, Communardes! Les éléphants rouges, septembre 2015
Pendant l’hiver 1870 et le siège de Paris, Victorine, onze ans, est un peu livrée à elle-même pendant que sa mère cherche des moyens de survivre et veut s’engager dans la défense de la ville. La petite fille s’occupe de Castor et Pollux, les deux éléphants du Jardin des plantes et traîne avec une bande de gamins. Jusqu’au jour où Victorine à un plan indiscutable pour bouter les Prussiens hors de Paris.
S’il y a bien un rendez-vous qui persiste sur ce blog qui prend l’eau, c’est le défi organisé par Mademoiselle Maeve auquel je m’accroche comme à une bouée. Il est au moins la preuve que je reste attachée à la lecture malgré toutes les difficultés que je rencontre cette année pour mettre en forme et en ligne mes réflexions. Ce sera d’ailleurs, je pense, le sujet de mon bilan qui viendra sur le blog.
Bref, où en est-on ce mois-ci, où, miracle!, j’ai pu lire de façon efficace.
Vous avez de jeunes enfants et vous voulez leur faire découvrir l’univers balzacien et le château de Saché mais cela vous semble un peu ambitieux (même si on sait que votre petit est évidemment le plus brillant enfant que vous connaissiez), alors j’ai la solution! Le château de Saché a produit un charmant album jeunesse avec les éditions Les Milles univers.
L’ouvrage se revendique comme une introduction à la littérature d’enfance et de jeunesse, c’est-à-dire qu’il se propose de donner des repères et de poser quelques grandes questions liées à cette littérature. Ce que cherche à montrer l’auteur c’est qu’il y a une véritable histoire de la littérature de jeunesse, de ses formes et motifs topiques. Le livre prend aussi une forme didactique et accessible puisqu’il est issu des cours données par Isabelle Nières-Chevrel destinés à des étudiants issus de formations très différentes.
L’auteur cherche à définir dans un premier temps le terme de « littérature de jeunesse » ce qui soulève déjà de nombreux paradoxes:
– les destinataires désignés par le terme de « littérature de jeunesse » constituent à priori un public vaste et de hétérogène qui peut aller du non-lecteur (voire du non-locuteur, l’infans, celui qui ne parle pas) au lecteur plus aguerri mais encore immature.
– les textes sont écrits par des adultes qui par conséquent ne sont pas sur un pied d’égalité avec leurs lecteurs.
– les textes sont souvent choisis, prescrits, validés voire lus à voix haute par les adultes qui donnent au texte une forme de caution.
– le public « jeunesse », de lui-même, ne choisit pas forcément les textes prescrits.
Le premier point étudié est celui de la dimension historique de la littérature de jeunesse. Nathalie Prince met en valeur le lien entre apparition du « sentiment de l’enfance », c’est-à-dire le fait que l’on considère l’enfant dans ses spécificités propres et apparition de récits destinés aux enfants. L’objectif donné à ses récits diffèrent donc de la conception du « sentiment de l’enfance »: soit l’enfant est considéré comme un adulte en devenir, incomplet qu’il s’agit de former, soit l’enfant est un être primaire qu’il faut éduquer, rendre moins sauvage. Le récit jeunesse peut donc se faire moralisateur, vulgarisateur ou cherche à recréer l’univers de l’enfance (selon le souvenir ou le point de vue de l’adulte).
Le deuxième point abordé est celui de l’ambiguïté du personnage de littérature de jeunesse: souvent stéréotypé, il a la particularité d’être peu développé et peu caractérisé et de pourtant réussir à susciter l’identification. Il peut soit incarner un modèle soit un contre-modèle. Les personnages les plus communs restent les animaux et les enfants.
Enfin, le point le plus essentiel à mon avis est l’étude de la poétique propre à la littérature de jeunesse. Loin de se satisfaire de l’image de texte simplifié, Nathalie Prince en montre la complexité et la richesse, en particulier de la situation de lecture à voix haute de l’adulte à l’enfant à partir des albums. Elle aborde des points très intéressants: le rapport entre le texte et l’image ainsi que les rapports entre le lecteur adulte et le spectateur enfant, les différents niveaux de lecture mis en jeu par la double-lecture (enfant/adulte), l’oralité.
L’essai s’achève sur un corpus de textes sources et supports de la réflexion.
Une lecture vraiment stimulante et riche. Cela concerne surtout la littérature destinée aux enfants et l’étude des albums est très fine. Je n’ai cependant pas trouvé de réponses sur la littérature jeunesse/ado.