Dans la box #8 « Départs » de My Book Box se trouvait le roman Certaines n’avaient jamais vu la mer. Comme je vois avec désespoir les livres proposés dans chaque box s’accumuler dans ma bibliothèque sans que je trouve le temps de les lire, j’avais emporté celui-ci dans ma valise parisienne. Comme il est très court (140 pages), je m’étais dit que c’était idéal pour les trajets en train. Résultat des courses: roman dévoré en moins d’une journée.
Au début du XXe siècle ou pendant l’entre-deux-guerres, de jeunes japonaises abandonnent leur famille et leur pays pour épouser aux États-Unis un homme dont elle ne connaissent que le portrait. C’est de cette immigration dont parle ce roman en retraçant les étapes du parcours de ces femmes: la traversée, la nuit de noces, le travail, l’enfantement, les Blancs, la guerre.
Julie Otsuka cherche à rendre l’indicible diversité des exils que connaissent ces jeunes femmes, sans en faire trop. L’écriture se fait donc efficace, minimale. Par le procédé de la liste cumulative et incantatoire, Julie Otsuka tisse les fils de ces multiples destinées féminines. Elle laisse aussi entendre des fragments de voix par de courtes phrases en italique, comme des fantômes réveillés par son texte.
Non seulement l’écriture envoûte le lecteur mais il lui fait aussi découvrir un pan oublié de l’histoire. Les voix de ces femmes entraînent le lecteur dans le quotidien et l’intimité d’une culture qui doit s’adapter à un nouveau monde. Mais l’histoire racontée est une tragédie et le parcours de ces femmes ne mène nul part. Ce roman constitue presque un devoir de mémoire car il n’est pas trop tard pour évoquer les ombres de ces anonymes aspirées par la danse du monde.
Un roman délicat et émouvant.
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