Ör d’Auður Ava Ólafsdóttir

ör

Titre: Ör

Auteur: Auður Ava Ólafsdóttir

Éditions: Éditions Zulma

Date de parution: novembre 2017

Ah les jolies couvertures des éditions Zulma! Par contre, elles en disent assez peu sur le contenu. Même la quatrième de couverture reste très énigmatique. Alors parfois, il faut se jeter à l’eau et faire confiance aux jolies maison d’éditions.

Le narrateur, Jonas Ebeneser, n’a plus de sens à sa vie. Divorcé, il vient d’apprendre que sa fille Gudrun Nymphéa n’est pas de son sang. Il cherche à mettre un terme à sa vie. Mais pour épargner à sa fille l’horreur de découvrir son corps, il part pour un pays ravagé par la guerre, avec sa boîte à outils. Là-bas, à l’Hôtel Silence, il va progressivement tenter de réparer ce qu’il peut.

Le titre, Ör, signifie « cicatrice« . Et c’est bien cela dont il est question. La cicatrice est une réparation visible qui permet que les plaies ne soient plus ouvertes. Au début du roman, Jonas a trois femmes dans sa vie, trois Gudrun: sa mère qui perd doucement la tête dans une maison de retraite, sa femme qui l’a quitté et sa fille, qui n’est pas la sienne. Ces trois femmes, ses seules raisons de tenir debout, l’abandonnent progressivement et il découvre le vide de sa vie, cette plaie ouverte. Cette sorte d’errance sur un rythme lent et contemplatif dessine un univers aux couleurs froides et pâles. Sans aucun pathétique outrancier, sans mélodrame, Jonas décide d’en finir. Mais comment faire? Il explore les différentes possibilités qui s’offrent à lui et choisit la plus surprenante: partir se suicider dans un pays en guerre, loin de tous. Là-bas, dans un hôtel fantomatique, il tisse des relations délicates et fragiles en devenant le bricoleur attitré de la petite ville. En réparant ce qu’il peut dans une ville détruite et au coeur béant, il trouve progressivement sa place et le terme de sa quête de réparation.

Ce roman poétique et délicat, aux couleurs passées, entraîne le lecteur sur les pas de Jonas. Il aborde avec beaucoup d’humanité les thèmes de la douleur de la perte, de la vieillesse, de l’amour et de la guerre, avec pudeur, sans jamais tomber dans l’excès d’émotion. Et malgré la noirceur qui pourrait se dégager de tout cela, c’est tout l’inverse qui se produit: une belle lumière se dégage de ces pages, un moment de grâce pour peu qu’on se laisse emporter par la sensibilité de l’auteure.

« Ör dit que nous avons regardé dans les yeux, affronté la bête sauvage, et survécu. »

5livrecoeursignature

 

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